
Texte par Alex Suter
Le commerce international est l’échange de biens ou de services entre pays. Ce type de commerce existe depuis l’Antiquité. Regardons un peu son évolution à travers les temps.
UNE ÉVOLUTION À TRAVERS LES SIÈCLE
Un des premiers exemples de commerce international est représenté par la route de la soie qui était un faisceau de routes, terrestres mais aussi maritimes par lesquelles transitaient de nombreuses marchandises, ainsi que des techniques, des idées, des religions. Les plus anciennes traces remontent à environ 2000 ans avant notre ère. Mais les grands développements ont commencé sous la dynastie Han (206 av. J.C à 200 apr. J.C). Cette route est progressivement abandonnée dès le XV siècle à cause des conflits régionaux entre Turcs et Byzantins, poussant les Européens à trouver de nouvelles routes pour s’approvisionner en denrées de toutes sortes. Les XVe et XVI e siècles furent le début des grandes explorations par l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Hollande etc qui, entre autres, amenèrent à la découverte du Nouveau Monde. Dès le XV e siècle, l’Europe poursuit la colonisation de tous les continents. Le commerce international modifie la vie des Européens avec l’arrivée du sucre, du café, les tissus en coton, et bien d’autres produits. On assiste au début de la bourgeoisie. Mais c’est au XIX e siècle, avec l’arrivée du chemin de fer et des bateaux à vapeur que le commerce international s’accélère et prend son véritable essor. Le système de taux de change fixes ainsi que les assouplissements de protection douanière assurent une grande stabilité économique et contribuent à la croissance du commerce.
LA MONDIALISATION
Ne concernant à l’origine qu’un nombre restreint de puissances européennes, le commerce international s’est progressivement développé pour bénéficier à la quasi-totalité des pays du monde. C’est ce qu’on appelle la mondialisation; un phénomène qui s’est fortement amplifié au cours des dernières décennies et qui est devenu une mécanique irréversible. Il en découle une interdépendance entre les différents pays, provoquant du même coup des impacts forts sur les politiques économiques nationales. D’après l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), la valeur du commerce international est aujourd’hui environ 300 fois plus élevée qu’en 1950, soit 3 ans après la création du GATT (The General Agreement on Tariffs and Trade); et le volume commercial est aujourd’hui 40 fois supérieur à celui enregistré aux premiers jours du GATT, soit une augmentation de 4100% entre 1950 et 2020. La mise en place des zones de libre-échange, grâce à des organisations comme le GATT (1947) puis l’OMC (dès 1955) a permis une forte baisse, voire la suppression des droits de douane. Puis d’autres organisations régionales, comme la Communauté Européenne (créée en 1957) ou l’ALENA (les Accords de libre-échange Nord-Américains entrés en vigueur en janvier 1994) ont fortement contribué à la stimulation du commerce international. La révolution des transports au XXe siècle a permis une forte accélération de la mondialisation. Il va sans dire que l’évolution des communications – avec l’arrivée des courriels dans les années 1980, puis leur popularisation grâce au « World Wide Web » au début des années 1990 a également été un facteur facilitateur pour les échanges internationaux. La Chambre de Commerce International offre depuis 1936 les Incoterms afin de normaliser les termes commerciaux utilisés pour le transport des marchandises (voir l’article de Mr. C. Sivière). Et le Fonds Monétaire International (FMI), créé en 1994, veille à la stabilité du système monétaire international. Comme nous le constatons – avec l’évolution de la mondialisation – de nombreux accords, mécanismes de contrôle et institutions internationales sont maintenant en place, servant les échanges internationaux, que ce soit au niveau des marchandises, services ou flux monétaires.
QU’EN EST-IL DU CANADA ET DE LA SUISSE?
Un des fondements de l’économie canadienne a toujours été le commerce international. Bien que les États-Unis demeurent le principal partenaire commercial, le Canada a renforcé ces dernières années les partenariats commerciaux avec l’Europe et la Chine. À la suite du Brexit, le Canada et le Royaume Uni ont signé le 9 décembre 2020 un accord de continuité commerciale entre les deux pays. On retrouve également au niveau du Canada beaucoup d’organisations (organismes publics, banques et autres institutions) aidant les entreprises à mieux comprendre la complexité liée aux importations, exportations, et autres implications légales et fiscales. Elles offrent aux entreprises des outils et des services (savoir commercial, aide à l’exportation, solutions de financement, d’assurance, de placements) afin de les aider à prospérer. N’oublions pas les ambassades et consulats qui jouent un rôle non négligeable dans le commerce international en aidant à l’implantation de filiales à l’étranger, ou à la prise de contact avec des clients potentiels en utilisant un vaste réseau de délégués commerciaux. Très similaire au Canada à différents points de vue, l’épine dorsale de l’économie Suisse est le commerce international. Même si la Suisse ne fait pas partie de l’Union Européenne, elle est membre de l’Association Européenne de Libre-Échange (AELE) depuis fin 2008, permettant un flux des échanges entre pays membres. Et comme l’accord de libre-échange entre le Canada et l’AELE est en vigueur depuis 2009, les transactions commerciales entre les deux pays sont largement facilitées.
Voici quelques indicateurs économiques sur la Suisse émanant d’une publication de recherche du parlement Canadien :
• Quinzième partenaire commercial du Canada au chapitre des marchandises (2017)
• Neuvième partenaire commercial du Canada au chapitre des services (2016)
• Classement relatif à la facilité de faire des affaires : 33e sur 190 pays (2017)
• Classement relatif à la compétitivité mondiale : 1er sur 137 pays (2017)
Et bien entendu, à travers les différents « Swiss Business Hubs », la Suisse est très active pour ouvrir les entreprises aux affaires internationales.
LE FUTUR ?
La crise financière en 2008, la pandémie mondiale en 2020 et l’évolution des technologies dans bien des pays ont créé des changements structurels dans l’économie. Par exemple, la Chine, grand importateur de composantes pour les modifier et les réexporter, est maintenant un joueur mondial dans la production locale de composants. Avec les problèmes de main d’œuvre liés à la pandémie, on constate également un retard cumulé de conteneurs dans les ports. On assiste à un regain pour les achats locaux dans bien des pays et plusieurs gouvernements encouragent désormais la production locale pour stimuler leur économie et les emplois. Tous ces phénomènes peuvent peser sur les chaînes d’approvisionnement et les échanges dans certains secteurs. Malgré certaines sources qui prévoient un ralentissement des échanges, l’OMC revoit à la hausse ses prévisions pour 2021 et 2022 avec toutefois certaines réserves.
Le monde évolue. L’Inde et la Chine ont connu durant la dernière décennie une explosion économique et technologique. Qu’en sera-t-il d’autres régions telles que l’Afrique, l’Amérique du Sud et le reste de l’Asie ?
Une chose est sûre. La stabilisation, voire l’augmentation du commerce international, sont des phénomènes irréversibles. Nous vivons dans des régions privilégiées ayant accès à toutes sortes de biens et services. Les habitants des économies moins bien nanties se prévalent des mêmes droits et travaillent à améliorer leur vie. À mon avis, si le monde arrive à diminuer les dictatures et la corruption de
certaines économies (il serait utopique de penser à une suppression), nous allons assister à une montée économique dans certaines régions du monde, stimulant encore plus le commerce international.
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ALEX SUTER, BIO
Véritable enfant de la mondialisation, Alex Suter – né à Mexico d’un père suisse et d’une mère espagnole- complète ses études à HEC Lausanne en 1980. Il a œuvré toute sa carrière dans des entreprises de technologie en Suisse et à l’étranger. Sa passion a toujours été la promotion de produits et services à l’international pendant plus de 35 ans. Maintenant retraité, Alex fait occasionnellement profiter de jeunes entreprises de son expérience.
RÉFÉRENCES ET SOURCES:
• https://lop.parl.ca/
• https://www.leconomiste.eu/
• https://www.banquemondiale.org/
• www.amercicanexpress.com
• https://www.wto.org
• https://www.international.gc.ca/
• Une brève histoire des mondialisations commerciales de M. Fouquin, J. Hugot, S.Jean
• Editions la Découverte, collection repères, Paris 2016
• Wikipédia (différents sujets)