
Propos recueillis par Christian Wopperer
Q1 : Bonjour Renaud, pour commencer, parle-nous un peu de toi : d’où viens-tu et quel est ton parcours ?
Bonjour Christian ! Je suis né dans la belle ville de Lausanne, située au bord du lac Léman. Alors que j’étais étudiant en Bachelor à HEC Lausanne, l’occasion de vivre un échange universitaire s’est présentée à moi. Face à la diversité des destinations proposées, il a été difficile de faire un choix. Étant à l’époque (et toujours) un grand fan des Cowboys fringants, j’ai coché la case « HEC Montréal » comme souhait de destination. Et voici comment je suis tombé en amour avec le Québec.
Après cette superbe expérience, j’ai continué mes études en Master Management à HEC Lausanne, et je suis reparti vivre un échange à Monterrey, au Mexique. Par la suite, j’ai eu l’occasion de réaliser plusieurs stages : au sein du Groupe Swatch (Mexico City) et chez Swissnex (Singapour) avant de partir voyager en solitaire pendant un an en Asie.
Inutile de vous dire que la Suisse m’a semblé bien petite à mon retour. Il n’a pas fallu longtemps avant que je demande un permis de travail pour retrouver la belle province !
Q2 : Toi qui as fait l’expérience des systèmes d’éducation universitaires suisse et québécois ; peux-tu nous parler des principales différences que tu as observées ?
À l’Université de Lausanne, je me suis habitué aux amphithéâtres bondés, les premières années étant très sélectives. Pour le cours de droit, nous étions près de 900 élèves assis dans une même salle. J’ai le souvenir d’un fort climat de compétition et d’une grande distance entre élèves ainsi qu’entre professeurs et étudiants. Lors de mon arrivée à HEC Montréal, j’ai été surpris de voir que chaque salle comprenait une cinquantaine de sièges au maximum. Durant le premier cours, une professeure a abordé un cas de gestion d’entreprise. Elle m’a alors demandé «Et toi Renaud, qu’en penses-tu» ? Il m’a fallu quelques secondes avant de lui répondre, mais quel bonheur de se sentir exister en tant qu’étudiant !
Q3 : Tu as créé en 2016 le premier « Welcome Event » pour les étudiants suisses en échange à Montréal, peux-tu nous en parler ?
Lorsque j’étais étudiant à Montréal, j’avais envie de connaître les membres de la communauté suisse, de réseauter, voire, de trouver un stage. À l’époque, il n’existait pas de structure pour ce type de maillage.
Une fois de retour au Québec, j’ai eu envie de créer un événement pour permettre aux étudiants en échange de se rencontrer et d’échanger avec les alumni de leur école.
Pour la première édition, j’ai pu compter sur le soutien d’amis Alumni de l’Université de Lausanne (Myriam Troesch, Jonas Isenegger et Alexandre Haarman) de Beat Käser (ancien Consul général de Suisse à Montréal) et de Marc Bolay (Auberge St-Gabriel). Nous avons réuni dans une même salle 30 étudiants et 10 Alumni de l’Université de Lausanne. Au programme : conseils pour bien s’installer au Québec, réseautage et apéro.
À la suite de ce succès, les responsables des chapitres Alumni de l’EPFL (Johann Marty) et de l’Université de Genève (Yves-Michel Chappatte et Frédéric Vogel) se sont joints à l’initiative.
Jusqu’à l’apparition du Covid, le Welcome event se tenait chaque année au Consulat général de Suisse à Montréal et regroupait pas moins de 50 étudiants en échange et 20 Alumni suisses vivant au Québec. Nous espérons pouvoir enfin relancer le concept d’ici la fin de l’année !
Q4 : Tu as siégé au Conseil d’administration de la CCCSQ jusqu’à l’année passée, que retiens-tu de cette expérience ?
Lorsque j’ai intégré le CA en 2015, je me suis entretenu avec Christian Dubois et avec Marie Habre. Mon mandat était assez clair :
contribuer à la modernisation de l’image de la Chambre. Sous le leadership de Marie et avec la collaboration de mes collègues (merci Noémie, Lara, Kevin et Dannik) nous avons actualisé l’Info Suisse, l’info-lettre, les réseaux sociaux, la charte graphique ainsi que le site internet. Je garde en mémoire une grande liberté d’action : les administrateurs sont présents pour aider, mais accordent pleinement leur confiance à chaque porteur de projet. Tout changement vient avec son lot de défis ; mais quand on a la chance de pouvoir les relever avec des amis, on évite les conflits et on se concentre sur les solutions.
En quittant le CA après six années de service, j’ai eu le sentiment de me séparer d’une partie de ma famille. J’étais nostalgique, mais surtout très reconnaissant, car je sais qu’il n’y a pas beaucoup de CA qui permettent de vivre de si belles expériences.
Q5 : Tu as fondé Éminence Branding, un acteur accompli de la communication sur LinkedIn et le branding personnel. Peux-tu nous en parler ?
Mon constat de base était que les clients ne font plus confiance à des logos, mais à de vraies personnes. À l’ère du tout numérique, la réputation digitale des employés est un aspect qu’aucune entreprise ne peut se permettre d’ignorer.
Notre agence aide les entreprises à transformer leurs employés en ambassadeurs. Nous accompagnons principalement les membres de la haute direction (notoriété d’entreprise), les responsables du développement des affaires (augmentation des ventes) et les responsables RH (Marque employeur et attraction de talents) dans le déploiement de leur présence sur LinkedIn.
Il y a trois ans, j’ai co-fondé une filiale à Lausanne, Ricochets Communication, avec mon ami Robin von Känel. En Suisse comme au Québec, nous accompagnons des sociétés venant d’industries très variées : horlogerie, domaine bancaire, conseil, assurances, etc. : des domaines où l’expertise des employés gagne à être mise en avant.
Q6 : Cette édition de l’Info Suisse a pour thème la formation et l’éducation. Quelle est ta recette pour former tes clients à la communication numérique ?
J’ai à mon actif plus de 600 heures de formation, données chez Infopresse, à l’Institut de Leadership ou directement chez des clients. Le constat que je peux en faire, c’est qu’une formation sans accompagnement entraîne peu de changement de comportement.
Notre programme d’employés-ambassadeurs dure six mois et vise surtout à développer les compétences numériques sur le long terme. Notre méthodologie comporte trois phrases :
- La formation à l’usage de LinkedIn, pour mettre tous les ambassadeurs sur un même pied d’égalité.
- Le soutien individuel avec service de rédaction sur LinkedIn, pour mettre les ambassadeurs en confiance.
- Du coaching, pour responsabiliser les ambassadeurs et les préparer à la sortie du programme.
Depuis que nous avons appliqué cette dimension expérientielle à nos formations, nous observons que les changements de comportement s’opèrent. Les employés poursuivent leurs efforts de communication même une fois le programme terminé.
Q7 : Tu gères une agence de communication présente à la fois au Québec et en Suisse, quelles sont les grandes différences culturelles que tu observes ?
En matière de communication, je dirais que le Québec a toujours quelques années d’avance sur la Suisse. Cela nous permet de proposer des concepts novateurs à nos clients helvétiques.
Aussi, il y a une chose à laquelle je fais très attention, c’est l’attente en matière de formalité. Lorsque je rencontre pour la première fois un Vice-Président au Québec, je sais que l’on va rapidement se tutoyer, parler de notre week-end et s’appeler par nos prénoms. Cependant, si j’ai un appel de prévu avec un employé d’une banque suisse, je sais qu’il va falloir utiliser le vouvoiement et éviter de s’étendre en « small-talk ». Il n’est d’ailleurs pas rare que je me change, d’un appel Zoom à l’autre, pour enfiler un veston et une cravate.
Finalement, je trouve qu’il existe un fort capital de sympathie entre Suisses et Québécois. Et pour cause, ces deux cultures se côtoient fréquemment :
• La dernière fois que j’ai réalisé un test PCR à Lausanne, j’ai été reçu par un
infirmier d’origine montréalaise.
• Depuis 1996, le festival «Pully Lavaux à l’heure du Québec» met en vedette les plus grands artistes québécois.
• À Lausanne, il existe même un bar qui s’appelle «Les Gosses du Québec» … c’est dire !
Bref, deux nations qui sont vraiment faites pour s’entendre.
RENAUD MARGAIRAZ, BIO
Renaud Margairaz est le fondateur d’Éminence branding ;
une agence de branding personnel qui aide les entreprises
à transformer leurs employés en ambassadeurs. Entouré de son équipe, il propose également des formations en entre-
prise pour démystifier l’usage de LinkedIn. Ces solutions per-
mettent de contribuer au développement commercial tout en renforçant la marque employeur. Il co-fonde en 2018 l’agence
Ricochets communication, antenne européenne d’Éminence
branding basée à Lausanne.
Il est également le co-auteur du livre “Éviter les faux pas à l’ère
numérique” publié aux Éditions LaPresse en 2019.
À la fois formateur à Infopresse et à l’Institut de Leadership,
blogueur et conférencier, Renaud est toujours à la recherche d’angles originaux pour vulgariser les secrets d’une commu nication performante.
Site web : eminencebranding.ca
LinkedIn : linkedin.com/in/renaudmargairaz